Critique Film Cinéma Mercredi 11 Janvier 2012
L’histoire du fondateur et patron du FBI J. Edgar Hoover
J. EDGAR
Biopic (02h15min) – Date de sortie : 11/01/2012
De Clint Eastwood
Avec Leonardo DiCaprio, Naomi Watts…
Le film explore la vie publique et privée de l’une des figures les plus puissantes, les plus controversées et les plus énigmatiques du 20e siècle, J. Edgar Hoover.
Bande-Annonce : J. EDGAR
Critique : J. EDGAR de Clint Eastwood avec Leonardo DiCaprio…
Par Franck DIPPA PRISO
Très attendu portrait du controversé fondateur du FBI, «J. Edgar» est un film ennuyeux et sans véritable ligne directrice, qu’arrivent difficilement à sauver l’expérimenté Clint Eastwood et l’excellent Leonardo DiCaprio.
Le film explore la vie publique et privée de l’une des figures les plus puissantes, les plus controversées et les plus énigmatiques du 20e siècle, J. Edgar Hoover. Incarnation du maintien de la loi en Amérique pendant près de cinquante ans, J. Edgar Hoover était à la fois craint et admiré, honni et révéré. Mais, derrière les portes fermées, il cachait des secrets qui auraient pu ruiner son image, sa carrière et sa vie.
Pendant près de 50 ans, J. Edgar Hoover (Leonardo DiCaprio) a agi dans l’ombre du pouvoir, luttant contre le communisme tout en révolutionnant la façon de mener des enquêtes. À la tête du FBI jusqu’à sa mort en 1972, il était devenu une véritable institution américaine, objet de moqueries pour les uns et de référence absolue pour les autres, dont son fidèle compagnon (Armie Hammer) et sa secrétaire (Naomi Watts).
Il n’y a rien de plus difficile que de s’extirper d’un creux. La carrière de réalisateur de Clint Eastwood s’y était engouffrée depuis l’inégal «Invictus» et le laborieux «Hereafter»… et elle risque d’y demeurer avec ce nouveau long métrage. Pourtant il s’agit d’un sujet en or, ambitieux et axé sur l’Amérique, comme les aime bien l’ancien Homme sans nom. Il ne s’agit parfois qu’une ou de choses pour faire toute la différence, pour que l’effort soit intéressant, ce qui n’est pas toujours le cas ici.
Une prémisse aussi vaste nécessitait son lot d’ellipses, qui sont rendues possibles avec le traditionnel schéma du héros qui raconte ses mémoires, revenant sur les faits importants de son existence. Un procédé qui est amené sans suspense et sans réel souffle, alors que les différents gestes et actions s’intègrent un peu aléatoirement. Le rythme plombé d’avance se fera un peu étouffant tout au long des 137 minutes qui, même si la recréation d’époque est majestueuse et que les maquillages sont étonnants, n’évite pas un certain marasme.
Le tout ne commençait pourtant pas si mal. On y découvre le personnage principal qui cherche à s’intégrer à une société en pleine mutation, qui a ses convictions et qui n’hésite pas à marcher sur les autres pour y arriver. Il donne du souffle au FBI, le révolutionne et l’amène ailleurs. Une chronique d’un homme et d’un pays qui devient vite accessoire, alors que le scénario passe rapidement sur certaines époques importantes (celle de Kennedy, de Nixon) pour retenir autre chose.
Si au moins ce choix servait à donner de l’épaisseur à Hoover. Malgré que le cinéaste insiste sur sa relation avec sa mère (défendue avec conviction par Judi Dench) et qu’il traite de son homosexualité avec des gants blancs, cette finition psychologique n’est pas suffisamment exploitée. De nombreux thèmes sont à peine effleurés (sa paranoïa, sa façon de mettre tout le monde sur écoute) ou carrément évacués (les liens avec la mafia) pour retenir une figure étonnamment consensuelle, sage et brouillonne. Sans doute qu’il était insaisissable – ce qui est bien expliqué par une scène tardive où les fantasmes et les faits se chevauchent – et que les informations disponibles sont souvent contradictoires, mais le résultat n’est pas seulement opaque, il est incomplet.
C’est d’autant plus dommage que la performance de Leonardo DiCaprio est tout simplement renversante. Il incarne brillamment cet être complexe sans jamais tomber dans la caricature, en insufflant une véritable parcelle de son âme, encore plus que dans «The Aviator», autre biopic qui est de loin supérieur. Une nomination aux Oscars est à espérer de son côté, tout comme pour le nouveau venu Armie Hammer (aperçu dans «The Social Network») qui est d’une solidité et d’une intensité implacable.
Réalisé classiquement avec style et soin (les liaisons entre les époques sont très fluides), croulant parfois sur une musique pompeuse et une narration beaucoup trop explicative, «J. Edgar» ne peut demander à sa superbe tête d’affiche de sauver ses choix scénaristiques parfois défaillants et son manque flagrant d’audace. Ce n’est ni le portrait de l’Amérique tant espéré (de ce côté, mieux vaut se tourner vers le «Nixon» d’Oliver Stone, qui en dit presque autant sur Hoover) ni la plongée dans les abysses de cet homme controversé qui a tout sacrifié pour son travail. Une nouvelle déception pour Clint Eastwood qui, espère-t-on, arrivera à remettre les compteurs à zéro en s’attaquant à une nouvelle version de «A Star is Born».
Les + :
* Leonardo DiCaprio transcende l’écran et il est bien secondé par les autres comédiens
* Le soin apporté aux maquillages, à la recréation artistique et au montage mérite l’attention
*Le sujet est fascinant et la première partie laisse promettre de belles choses…
Les – :
* Le reste n’est malheureusement pas à la hauteur, versant dans l’anecdote
* Le scénario passe rapidement sur des faits importants, cernant mal l’aura de son sujet
* Si le film est beaucoup trop long, l’exploration psychologique du personnage manque de finition
* Cette façon d’alterner entre les époques s’effectue sans suspense et, surtout, sans aucun rythme ou véritable direction
Les thèmes : J. Edgar Hoover, FBI, acteur derrière la caméra, ambition, amitié, avocat, juge, procès, tribunal, justice, biopic, biographie, Biographie romancée, corruption, policier véreux, d’après une histoire vraie, Film éponyme, homosexualité, gay, personnalités, politiques, Politique, Politicien, Portrait d’homme, relation mère, fils etc…
Note : *****
La Rédaction de CinéBooster